18 novembre : L’opposition absente dans les rues, une première… mais les gangs et les politiciens empêchent la fête

Aujourd’hui, 18 novembre, le peuple haïtien célèbre la Bataille de Vertières, une date historique marquant la victoire décisive des ancêtres contre l’armée napoléonienne et ouvrant la voie à l’indépendance d’Haïti. Pourtant, pour la première fois depuis plus d’une décennie, aucune manifestation organisée par l’opposition n’a marqué cette journée. Une question s’impose : pourquoi cette absence notable, alors que les fêtes nationales ont souvent servi de tremplin pour exprimer des revendications politiques et sociales ?

L’opposition essoufflée ou transformée ?

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce silence inhabituel. L’une des raisons pourrait être que certaines grandes figures de l’opposition d’autrefois : [Andre Michel, Nenel Cassy, Ricard Pierre, Youri Latortue entre autres] occupent désormais des postes dans l’actuel gouvernement. Le passage de l’opposition au pouvoir aurait-il neutralisé une partie de la contestation ? Cette possibilité soulève une réflexion sur le rôle souvent cyclique des acteurs politiques en Haïti, où les opposants d’hier deviennent les dirigeants d’aujourd’hui.

Une autre explication réside dans l’état de faiblesse de l’opposition actuelle. Les mouvements d’opposition semblent désorganisés, sans leader charismatique ou stratégie claire. Ce manque de structure pourrait expliquer pourquoi aucun appel significatif à manifester n’a été lancé pour ce 18 novembre.

Enfin, certains pourraient interpréter cette situation comme un aveu d’inefficacité. Après des années de manifestations souvent infructueuses, l’opposition aurait-elle conclu que ces actions ne produisent pas les résultats escomptés ?

Une population prise en otage

Cependant, il est impossible d’ignorer le contexte de terreur généralisée qui prévaut dans le pays. Les gangs armés continuent de semer la panique, tuant, blessant et poussant des milliers de familles à fuir leurs quartiers. Cette insécurité chronique réduit considérablement l’espace civique et rend difficile l’organisation de toute mobilisation de grande envergure. La peur d’être attaqué ou pris pour cible par les gangs limite non seulement la liberté de circulation, mais également la capacité de protestation populaire.

Que reste-t-il de l’esprit de Vertières ?

Cette absence de manifestations soulève des questions sur l’état d’esprit collectif en Haïti aujourd’hui. Les idéaux de courage et de résistance qui ont animé la Bataille de Vertières semblent s’éloigner face à la montée de la peur et au sentiment d’impuissance.

Alors que le pays commémore cette victoire héroïque, il est essentiel de réfléchir à la manière de raviver cet esprit de lutte dans un contexte moderne marqué par la désillusion politique et l’insécurité. Les héros de 1803 n’ont pas reculé face à une armée surpuissante. En 2024, la bataille pour une Haïti libre et prospère continue, mais elle exige un sursaut collectif et des leaders à la hauteur des sacrifices du passé.